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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/59

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» — Va me chercher ton maître !

» — Cependant, monsieur…

» — Je te dis de m’aller chercher ton maître !

» Et le voyageur se leva si majestueusement, que le garçon crut qu’il n’avait qu’une chose à faire, — obéir.

» Et il disparut en disant :

» — Je vais le chercher, je vais le chercher.

» — Me voici, monsieur, dit le maître de l’hôtél au bout de cinq minutes.

» — Ah ! c’est bien heureux !

» — Si j’eusse su que monsieur désirait particulièrement avoir affaire à moi…

» — Je désire avoir affaire à vous, parce que votre garçon est un sot !

» — C’est possible, monsieur.

» — Un impertinent !

» — Aurait-il eu l’impudence de manquer à monsieur ?

» — Un drôle qui ruinera votre établissement !

» — Oh ! oh ! ceci devient grave… Si monsieur veut me dire en quoi il a à se plaindre de lui.

» Comment ! je lui demande un bifteck d’ours, et il a l’air de ne pas comprendre.

» — Ah ! ah ! c’est que…

» — Avez-vous de l’ours, ou n’en avez-vous pas ?

» — Monsieur, permettez…

» — Avez-vous de l’ours ?

» — Mais, enfin, monsieur…

» — De l’ours ou la mort ! Avez-vous de l’ours ?

» — Eh bien, non, monsieur.

» — Il fallait donc l’avouer tout de suite, alors, dit le voyageur en rechargeant son sac.

» — Que faites-vous, monsieur ?

» — Je m’en vais.

» — Comment, vous vous en allez ?

» — Sans doute.

» — Mais pourquoi vous en allez-vous ?

» — Parce que je ne venais dans votre gargote que pour