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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/160

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

tié chemin de Crépy à Villers-Cotterets, elle rejoint, en dessinant par cette adjonction un Y gigantesque, la grande route de Villers-Cotterets à Paris.

À un quart de lieue de Crépy, une portion de forêt, désignée sous le nom de bois du Tïllet, s’étend jusqu’à la route, mais sans la traverser.

Une lieue et demie plus loin, la route, qui jusque-là a couru sur une surface plane, descend dans une espèce de ravin, au fond duquel coule une source, et est côtoyée, à sa gauche, par des carrières dont l’exploitation est abandonnée depuis longtemps.

La source a donné son nom à la localité, qui s’appelle la fontaine Eau-Claire.

Les carrières, dont plusieurs s’ouvrent sombres et profondes sur la route, donnent à cet endroit un caractère de solitude menaçante, qui inspire un certain effroi aux gens du pays.

Il y a, dans ce ravin, des traditions de vols à main armée et d’assassinats, qui remontent à des époques inconnues, c’est vrai, mais qui sont constatées, comme celles de la forêt de Bondy, par des dictons populaires.

Nous nous contenterons de citer celui-ci, qui rime mal, mais que nous donnons simplement comme une recommandation locale, et non comme un exemple de poésie :

À la fontaine Eau-Claire,
Bois quand le jour est dans son clair.

Puis, une demi-lieue au delà de la fontaine Eau-Claire, se présente, coupant transversalement la route, la charmante vallée de Vauciennes, qui conduit du moulin de Walue à Coyolle, au fond de laquelle serpente un ruisseau d’argent liquide, et dort ce fameux marais où Moinat faisait, avec M. Deviolaine, ses preuves d’adresse sur les bécassines.

Là, le chemin descend par une pente rapide, et remonte par une pente plus rapide encore. Ces deux montagnes sont, pendant les jours de verglas, la terreur des voituriers, qui des-