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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/171

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

et se fixa d’abord dans le village de Vivières, où il exerça la profession de boucher.

Puis, de là, les affaires allant mal, à ce qu’il paraît, il alla s’établir à Chelles, petit village situé à deux ou trois lieues de Villers-Cotterets.

Quelque temps après ce déménagement, sa femme mourut d’une façon étrange et fatale. En tirant de l’eau dans un puits, elle pesa sur le boulon de la poulie, qui cassa ; elle fut précipitée de trente pieds, et mourut noyée.

Cette mort fut regardée comme un accident.

Un peu plus tard, on trouva enterré, à un ou deux pieds de profondeur seulement, entre Vivières et Chelles, le cadavre d’un jeune charretier, qui paraissait avoir été assassiné d’un coup de pistolet tiré à bout portant dans le dos.

Malgré toutes les recherches qui furent faites, on ne put découvrir l’assassin ou les assassins.

Enfin, plus tard encore, Marot alla lui-même faire chez le juge de paix la déclaration d’un nouvel événement qui venait de se passer. Un jeune peintre-vitrier, qui était venu lui demander l’hospitalité, faute d’argent pour aller à l’auberge, et à qui il l’avait généreusement accordée, était mort, pendant la nuit, dans le grenier où il lui avait étendu une botte de paille, d’une colique de miserere.

On enterra le jeune peintre.

Peu de jours après, des poules qu’avait Marot furent trouvées mortes dans les cours et dans les jardins voisins.

Elles paraissaient empoisonnées.

On rapprocha les faits, et l’on commença de prendre des soupçons.

Marot fut arrêté. Son propre enfant déposa contre lui, et le fit condamner.

Le jeune peintre avait été empoisonné dans sa soupe. Le poison à l’aide duquel le crime avait été exécuté était de l’arsenic, versé par Marot dans son assiette.

Le jeune homme se plaignait que la soupe avait un singulier goût ; le fils de Marot en prit une cueillerée dans son assiette et la goûta : il fut de l’avis du peintre.