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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/172

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— La soupe, répondit Marot, a un drôle de goût parce qu’elle est faite avec une tête de cochon. Quant à toi, gourmand, ajouta-t-il en s’adressant particulièrement à son fils, mange ta soupe, et laisse ce garçon manger la sienne : chacun sa part.

Cependant, le goût de cette soupe était tellement âcre, que le jeune peintre en avait laissé la moitié. On avait jeté le reste sur le fumier ; les poules l’avaient mangé, et, poursuivies par la douleur, s’étaient éparpillées à droite et à gauche, dénonçant de leur côté l’empoisonnement par leur mort.

Cette fois, les charges qui s’élevaient contre Marot furent si fortes, qu’il ne put nier.

Alors, voyant qu’il n’y avait plus de salut à espérer pour son dernier crime, il avoua tous les autres.

Il avoua que c’était lui qui avait tué Billaudet, pour lui prendre six à huit francs qu’il avait sur lui.

Il avoua qu’il avait limé le boulon de la poulie, pour que sa femme, qui venait de lui faire une donation, fût précipitée dans le puits, et se tuât en tombant ou s’y noyât.

Il avoua que c’était lui qui avait tué d’un coup de pistolet à bout portant, et pour lui voler trente francs qu’il venait de recevoir, le jeune charretier dont le cadavre avait été retrouvé entre Chelles et Vivières.

Il avoua, enfin, que c’était lui qui, pour lui voler douze francs, avait empoisonné le jeune peintre-vitrier, en jetant de l’arsenic dans son assiette.

Marot fut condamné à mort, et exécuté à Beauvais en 1828 ou 1829.


XLVIII


Le printemps à Villers-Cotterets. — La fête de la Pentecôte. — L’abbé Grégoire m’invite à faire danser sa nièce. — Les livres rouges. — Le Chevalier de Faublas. — Laurence et Vittoria. — Un muscadin de 1818.

« Ô jeunesse ! printemps de la vie ! Ô printemps ! jeunesse de l’année ! » a dit Métastase.