C’est à qui la quittera le plus promptement et le plus publiquement ; c’est une course à l’ingratitude, c’est un steeplechase à la trahison.
Huit jours auparavant, elle a quitté Paris, fille d’empereur, femme d’empereur, mère de roi ! Orléans l’a saluée, en passant, du branle de ses cloches et du bruit de son artillerie. Elle a autour d’elle une cour, sous sa main un trésor ; en France et en Italie, un double peuple, quelque chose comme quarante millions de sujets.
En huit jours, elle a perdu rang, puissance, hérédité, royaume ; en une heure, elle se trouve seule avec un pauvre enfant abandonné, et un trésor qu’on ne tardera pas à lui venir prendre.
Dieu me garde de m’apitoyer sur le sort de cette femme, qui n’avait qu’à rester veuve pour être sublime. Mais ceux-là qui la trahissaient, ceux-là qui l’abandonnaient, n’avaient pas l’excuse d’un avenir couvert encore du voile de l’inconnu.
Le 7, nous l’avons dit, toute la cour a fui.
Le 8 au matin, les deux rois Jérôme et Joseph l’ont quittée à leur tour. Le 8 au soir, le général Schouvalof, chargé par les souverains de la conduire de Blois à Orléans, et d’Orléans à Rambouillet, est arrivé auprès d’elle.
Enfin, le 9 au matin, on a pu lire dans le Moniteur,
« Le gouvernement provisoire, informé que, d’après les ordres du souverain dont la déchéance a été prononcée solennellement le 3 avril, des fonds considérables ont été enlevés de Paris, dans les jours qui ont précédé l’occupation de cette ville par les troupes alliées,
» Arrête :
» Que ces fonds seront saisis partout où ils se trouveront, en quelques mains qu’ils se trouvent, et que le dépôt en sera immédiatement opéré dans la caisse la plus voisine. »
L’ordre était élastique : il ne faisait pas de différence entre le trésor public de la nation et le trésor privé de l’empereur.
Il fallait, au reste, confier l’exécution de cet ordre à un