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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/14

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

a si souvent été prononcé dans la première partie de ces Mémoires, — a pu me donner quelques détails curieux et inconnus. Dermoncourt fut un des principaux chefs de la conspiration de Béfort.

Vous vous rappelez les troubles de juin, la mort du jeune Lallemand, qui, tué en se sauvant, fut accusé, après sa mort, d’avoir voulu désarmer un soldat de la garde royale.

On croyait pouvoir accuser impunément celui qui n’était plus qu’un cadavre.

Mais son père répondit pour lui.

Il est vrai que la censure, — c’est parfois cependant une chose bien infâme que la censure ! — il est vrai que la censure empêcha la lettre de ce pauvre père de paraître dans les journaux.

M. Laffitte fut obligé de prendre cette lettre, de la porter à la Chambre, et de la lire pour qu’elle fût connue.

La voici ; c’était celle que M. Lallemand père avait envoyée aux journaux, et que les journaux avaient refusé de publier :

« Monsieur,

» Hier, mon fils fut frappé à mort par un soldat de la garde royale ; aujourd’hui, il est diffamé par le Drapeau blanc, la Quotidienne et le Journal des Débats. Je dois à sa mémoire de repousser le fait allégué par ces journaux. Ce fait est faux ! Mon fils n’a pas tenté de désarmer un garde royal ; il marchait sans armes lorsqu’il a reçu par derrière le coup dont il est mort.

» Lallemand. »

La conspiration militaire du 19 août avait été la suite des troubles de juin. Les principaux membres de la loge des Amis de la Vérité étaient compromis dans cette conspiration. Ils se dispersèrent.

Deux de ces affiliés partirent pour l’Italie : c’étaient MM. Joubert et Dugier.