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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/15

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Ils arrivèrent à Naples, au milieu de la révolution de 1820, où les patriotes furent si misérablement trahis par le vicaire général François.

Ils se mêlèrent à cette révolution, et furent affiliés aux carbonari italiens.

Dugier revint à Paris occupant un grade élevé dans cette société, encore inconnue chez nous.

Cette institution avait vivement frappé Dugier ; il en avait cru l’établissement possible en France. Il exposa au conseil administratif de la loge des Amis de la Vérité les principes et le but de cette société. Cette exposition produisit une impression profonde sur ceux qui l’écoutaient. Dugier avait rapporté avec lui les règlements de la société italienne, il fut chargé de les traduire. Il accomplit cette tâche ; mais le caractère de mysticisme religieux qui faisait la base de ce règlement n’était point applicable en France. On adopta l’institution en la dépouillant de détails qui, à cette époque, l’eussent rendue impopulaire, et M. Bûchez, — ce même homme, qui, au 15 mai, eût pu faire oublier Boissy-d’Anglas, — et MM. Bazard et Flottard furent chargés de poser à la charbonnerie française les bases d’une organisation mieux appropriée à l’état des esprits et de l’opinion.

Le 1er mai 1821, trois jeunes gens inconnus alors, trois hommes dont le plus vieux n’avait pas trente ans, s’assirent, pour la première fois, au fond d’un des plus pauvres quartiers de la capitale, dans une chambre qui était loin de présenter à son propriétaire même la médiocrité dorée dont parle Horace, autour d’une table ronde, et, là, graves ou plutôt sombres, car ils n’ignoraient pas à quelle œuvre terrible ils se livraient, et, là, dis-je, ils jetèrent les premiers fondements de cette charbonnerie qui changea, la France de 1821 et de 1822 en un vaste volcan, lequel jeta inopinément ses flammes sur les points les plus opposés, à Béfort, à la Rochelle, à Nantes et à Grenoble.

Et, chose étrange ! l’œuvre que préparaient ainsi les trois chimistes révolutionnaires n’indiquait aucun but ; c’était un code pour les futurs conspirateurs ; mais libre à eux de con-