— Et combien cela fait-il de volumes ?
— Deux ou trois cents, peut-être.
— Et vous les avez lus ?
— Certainement.
— Et il faut que je les lise ?
— Si vous voulez faire du roman, il faut non-seulement que vous les lisiez, mais encore que vous les sachiez par cœur.
— Je vous déclare que vous m’épouvantez ! Mais j’en ai pour deux ou trois ans avant d’oser écrire un mot !
— Oh ! pour plus que cela, ou vous écrirez sans savoir.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! que j’ai perdu de temps !…
— Il faut le rattraper.
— Vous m’aiderez, n’est-ce pas ?
— Et le bureau ?
— Oh ! je lirai la nuit, j’étudierai la nuit ; au bureau, je travaillerai, et, de temps en temps, nous causerons un peu…
— Oui, comme aujourd’hui ; seulement, nous avons causé beaucoup.
— Encore un mot. Vous m’avez dit ce qu’il fallait étudier comme théâtre ?
— Oui.
— Comme roman ?
— Oui.
— Comme histoire ?
— Oui.
— Eh bien, maintenant, en poésie, que dois-je étudier ?
— D’abord, qu’avez-vous lu ?
— Voltaire, Parny, Bertin, Demoustier, Legouvé, Colardeau.
— Bon ! Oubliez tout cela.
— Vraiment ?
— Lisez, dans l’antiquité, Homère ; chez les Romains, Virgile ; au moyen âge, Dante. C’est de la moelle de lion que je vous donne là.
— Et chez les modernes ?
— Ronsard, Mathurin Regnier, Milton, Gœthe, Uhland, By-