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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/305

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

arrivé à voir par un trou de serrure quelconque, peut-être même par une porte toute grande ouverte, celle qui faisait l’objet des conversations du moment, et il était venu dire à la Malmaison, avec un enthousiasme un peu suspect, que la débutante était, sous le rapport physique du moins, bien au-dessus des éloges que l’on faisait d’elle.

Le grand jour arriva. C’était le lundi 8 frimaire an xi (29 novembre 1802). On avait fait queue au théâtre de la République depuis onze heures du matin.

Ici, copions, s’il vous plaît, Geoffroy ; Geoffroy, critique sans valeur, sans profondeur, sans conscience, à qui la terreur a fait une réputation, et qui a légué sa plume à un malheureux de son espèce dont la police correctionnelle a fait justice deux ou trois fois ; — ce qui me paraît déjà une grande amélioration de notre temps sur celui où vivaient nos pères.

Nous lie pouvons pas empirer en tout, que diable ! Geoffroy ne gâtait ni les débutants, ni les débutantes, surtout lorsqu’ils n’étaient pas riches.

Voici ce que disait de mademoiselle Georges le prince des critiques de cette époque.

Il y a toujours eu, en France, un homme qui s’est appelé le prince des critiques. Ce n’est pas le principal que l’on nie, c’est la principauté.

THÉÂTRE DE LA RÉPUBLIQUE
iphigénie en aulide.
Pour le début de mademoiselle Georges Weymer,
élève de mademoiselle Raucourt
.

« On n’avait pas pris de mesures assez justes pour contenir la foule extraordinaire que devait attirer un début si fameux. Toute la garde était occupée aux bureaux où les billets se distribuent, tandis que la porte d’entrée, presque sans défenseurs, soutenait le plus terrible siége. Là se livraient des assauts dont il ne tiendrait qu’à moi de faire une description tragique, car j’étais spectateur et même acteur involontaire.