— Vous avez tort, dit lady Melbourne, et tort par deux raisons : d’abord, parce que vous avez besoin d’argent, et que miss Milbanke ne vous apporterait en mariage que dix mille livres sterling ; ensuite, parce que vous avez besoin d’une femme qui vous admire, et que miss Milbanke n’admire qu’elle.
— Eh bien, donc, dit lord Byron, comment s’appelle votre jeune fille, à vous ?
Lady Melbourne lui dit son nom.
Byron écrivit à l’instant même aux parents, qui répondirent par un refus.
— Bon ! dit Byron, vous voyez bien que c’est miss Milbanke que je dois épouser.
Et il se mit à table, et écrivit à miss Milbanke pour lui faire part de son désir.
Mais lady Melbourne ne comptait point se rendre ainsi ; la lettre de Byron achevée, elle la lui arracha des mains, et alla la lire près d’une fenêtre, tandis que Byron restait tranquille à sa place.
La lettre lue :
— Voilà, en vérité, une charmante lettre, dit lady Melbourne, et il serait fâcheux qu’elle ne parvint point à son adresse.
— Alors, dit Byron, rendez-la-moi, que je la cachette et que je l’envoie.
Lady Melbourne rendit la lettre à Byron, qui la cacheta et la fit parvenir à son adresse.
Le 2 janvier 1815, il se maria dans la maison de sir Ralph Milbanke.
Le même jour, il envoya les cinquante livres sterling à M. Hay, sans attendre que celui-ci les lui demandât.
Un mois après, jour pour jour, il écrivait :
« La lune de miel est passée ; je m’éveille et je me trouve marié ! Swift dit que l’homme sage restera garçon ; mais, moi, je dis que, pour un fou, le mariage est le plus délicieux état possible. »