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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/227

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Nous répondîmes à Rousseau qu’il ne fallait point que cela l’arrêtât, et que nous ferions sa part en séance.

Il fut convenu que la soirée du jour serait consacrée à revoir ma part et celle d’Adolphe, et que la journée du lendemain verrait commencer les séances pendant lesquelles la part de Rousseau devait être faite.

On lut ma part ; elle eut le plus grand succès ; un couplet surtout émerveilla Rousseau.

Le rôle comique, le chasseur parisien, le chasseur à lunettes, le chasseur de la plaine Saint-Denis enfin, chantait, en manière d’exposition de ses mérites, le couplet suivant :

La terreur de la perdrix
Et l’effroi de la bécasse,
Pour mon adresse à la chasse,
On me cite dans Paris.
Dangereux comme la bombe,
Sous mes coups rien qui ne tombe,
Le cerf comme la colombe.
À ma seule vue, enfin,
Tout le gibier a la fièvre ;
Car, pour mettre à bas un lièvre,
Je suis un fameux lapin !

Adolphe lut à son tour la sienne, et eut une mention honorable pour un couplet de facture.

On ne sait plus aujourd’hui ce que c’est qu’un couplet de facture, — à l’exception des Nestors de l’art, qui ont conservé un reconnaissant souvenir des bis et des ter qui accueillaient presque toujours le couplet de facture. — Voici le couplet de facture d’Adolphe : à tout seigneur tout honneur :

Air du vaudeville des Blouses.

Un seul instant examinez le monde,
Vous ne verrez que chasseurs ici-bas.
Autour de moi quand on chasse à la ronde,
Pourquoi donc, seul, ne chasserais-je pas ?