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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/259

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Je n’entends plus ma montre, dit-il.

— Veux-tu une pendule ?

— Oui, va me chercher celle qui est dans ma chambre à coucher.

Son neveu sortit et démasqua madame Talma.

— Ah ! te voilà, Caroline, dit-il ; il faut monter toutes tes affaires là-haut, entends-tu ?

Son neveu apporta la pendule, et la mit sur la table de nuit.

— Je suis bien laid, n’est-ce pas, mon pauvre Amédée ? dit Talma. Ma barbe est d’une longueur…

— On te la fera aujourd’hui.

— Donne-moi un miroir.

Il le prit et se regarda.

— Je t’assure, Amédée, dit-il, que je perds la vue ; mais, par grâce, faites donc quelque chose à mes yeux. Oh ! je les perdrai ! je n’y vois plus, ce matin.

Les notaires arrivèrent, ainsi que M. Davilliers.

Mais il voulut en vain s’entretenir d’affaires, cela lui fut impossible ; il parlait à voix basse, croyant parler très-haut, et encore sa langue s’épaississait-elle de plus en plus.

On annonça MM. Arnault et de Jouy. Talma fit signe de les introduire.

M. Arnault embrassa Talma, qu’il aimait tendrement, et, en l’embrassant, laissa échapper ce mot :

— Adieu !

— Tu pars donc ? lui demanda Talma.

— Oui, reprit vivement Amédée, ces messieurs vont à Bruxelles.

Ces messieurs l’embrassèrent, et, tout près d’éclater en sanglots, se hâtaient de se retirer, quand Talma, les voyant s’éloigner, leur dit :

— Oui, oui, allez vite, cela me donne l’espoir de vous revoir encore ; car, plutôt vous serez partis, plutôt vous serez revenus.

MM. de Jouy et Arnault sortirent.

On fit entrer les deux enfants.