Il publia sa satire et partit avec M. Hobhouse, au mois de juin de cette même année 1809.
XCVI
Les premières nouvelles qu’on reçut du poëte voyageur était datées de Lisbonne, et portaient l’empreinte de cette raillerie douloureuse qui, poussée à l’extrême, devint du génie.
La lettre était adressée à M. Hodgson, et commençait par ces mots :
« Hourra ! mon cher Hodgson, me voilà parti, et même arrivé à Lisbonne. Je suis très-heureux ici. J’aime les oranges, et il y en a à foison. De plus, je parle avec les moines un exécrable latin qu’ils comprennent comme leur langue naturelle. Je vais dans le monde avec mes pistolets dans ma poche. Je traverse le Tage à la nage, et je galope sur un âne ou sur une mule. Je jure en portugais, comme un Allemand, et, par-dessus le marché, j’ai la foire, et les cousins me dévorent.
» Mais qu’importe tout cela ? Il ne faut pas que les gens qui courent après le plaisir tiennent tant au confortable… »
Il est vrai qu’à côté de cette raillerie, il devait écrire ces douloureuses lignes de Childe Harold :
Personne ne l’aimait, quoiqu’il eût fait du château de ses pères le rendez-vous des débauchés de tous les pays. Il est vrai que, les jours de festin, ils lui prodiguaient toutes les flatteries ; mais il les con-