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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/173

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il se fit secrétaire d’un gouvernement qui n’existait pas.

Il multiplia les ordres, les proclamations, les décrets. Ordres, proclamations et décrets étaient signés : Baude, secrétaire du gouvernement provisoire.

Nous avons dit qu’il était entré à l’hôtel de ville a neuf heures.

À onze heures, la caisse municipale était vérifiée ; elle contenait cinq millions.

À onze heures, les syndics de la boulangerie étaient convoqués, et déclaraient, sous leur responsabilité, que Paris était approvisionné pour un mois.

Enfin, à onze heures, une commission chargée de correspondre avec l’hôtel de ville était établie dans chacun des douze arrondissements de Paris.

Cinq ou six patriotes dévoués entouraient Baude, et suffisaient à tout.

Étienne Arago était de ceux-là.

Aussitôt rendus, ordres, décrets, proclamations, étaient placés entre la baguette et le canon de son fusil, et portés par lui au National. La route qu’il suivait était la rue de la Vannerie, le marché des Innocents, la rue Montmartre.

À partir de dix heures du matin, pas un obstacle n’entrava sa route. — D’après l’ordre du maréchal Marmont, toutes les troupes se concentraient autour des Tuileries.

Au moment où Étienne portait la proclamation annonçant la déchéance des Bourbons, toujours signée : Baude, secrétaire du gouvernement provisoire, il rencontra au marché des Innocents un ancien acteur nommé Charlet, lequel précédait une foule immense encombrant toute la place.

Les deux principaux personnages de cette foule, ceux qui paraissaient la conduire ou être conduits par elle, étaient un homme en habit de capitaine et un homme en habit de général.

L’homme en habit de capitaine, c’était Évariste Dumoulin, le rédacteur du Constitutionnel dont j’ai parlé à propos de madame Valmonzey et de Christine.

L’homme en habit de général, c’était le général Dubourg.