regrettons depuis quinze ans… Quel est l’engagement que nous devons prendre avec vous, monsieur ?
— Celui de rentrer chez vous et de n’en pas sortir que vous n’appreniez que je suis tué ou que je viens moi-même vous relever de votre parole.
— Pour moi et mes camarades, monsieur, foi de soldat !
J’allai à lui, et je lui tendis la main.
Trois mains s’avancèrent au lieu d’une ; trois mains serrèrent la mienne avec cordialité.
— Voyons, maintenant, ce n’est point cela, dit le colonel ; quand on entreprend une besogne comme celle que vous avez entreprise, il faut réussir.
— Voulez-vous m’aider de vos conseils ?
Il sourit.
— Où allez-vous de ce pas ?
— Chez le commandant de place, M. de Liniers.
— Le connaissez-vous ?
— Pas le moins du monde.
— Hum !
— Quoi ?
— Défiez-vous !
— Mais, enfin, si j’ai l’ordre ?…
— Eh bien ?
— Puis-je compter sur vous ?
— Oh ! alors, naturellement… La neutralité cesse, et nous devenons vos alliés.
Eu ce moment, on frappa à la porte trois coups également espacés.
— Qu’est-ce que cela ? demanda le colonel.
— Un de mes amis, colonel, qui venait m’apporter du secours, si j’en avais besoin.
Puis, tout haut, je criai :
— Attendez un instant, Bard, je vais vous ouvrir… Je suis avec des amis.
Puis, me retournant vers les militaires :
— Maintenant, messieurs, leur dis-je, voulez-vous rentrer chez vous ?