des autorités civiles, qui déclineront peut-être la validité des ordres du général Gérard.
— J’y cours !
— Vous, monsieur Quinette, ayez la bonté de me conduire chez M. Jousselin.
— C’est loin.
— Bah ! qu’importe !… Avec un peu d’ensemble, ça marchera !… Dans une demi-heure ou trois quarts d’heure au plus tard, tout le monde ici !
Bard reprit son poste ; Hutin partit de son côté ; M. Quinette et moi, nous partîmes du nôtre.
Nous arrivâmes à la porte de M. Jousselin.
— C’est ici, me dit M. Quinette ; mais, vous comprenez ma susceptibilité, n’est-ce pas ? comme je suis de la ville, et que j’y reste après vous, je désire que vous entriez seul chez M. Jousselin.
— Oh ! qu’à cela ne tienne !
J’entrai chez M. Jousselin.
J’avoue que je n’étais, pour le moment, possesseur ni d’un physique ni d’un habit propres à inspirer la confiance. J’avais perdu mon chapeau de paille, je ne saurais dire où ; j’avais le visage brûlé de soleil et couvert de sueur ; j’avais la voix tantôt éclatant en notes tromboniques, tantôt filant des sons d’une ténuité presque insaisissable ; ma veste, surchargée de mes pistolets à deux coups, continuait de perdre le peu de boutons dont elle était ornée ; enfin, la poussière de la route n’avait pu faire disparaître le sang qui tachait ma guêtre et mon soulier.
Il n’était donc pas étonnant qu’en m’apercevant ainsi accoutré, et mon fusil à deux coups sur l’épaule, M. Jousselin reculât, lui et le fauteuil sur lequel il était assis.
— Que me voulez-vous, monsieur ? me demanda-t-il.
Je lui exposai le plus succinctement possible l’objet de ma visite ; je n’avais pas de temps à perdre ; d’ailleurs, j’eusse voulu faire des phrases, qu’il y eût eu impossibilité : je ne pouvais plus parler.
M. Jousselin me fit plusieurs objections que je levai les unes