après les autres ; mais, l’une levée, l’autre arrivait ; je vis que nous n’en finirions pas.
— Monsieur, lui dis-je, terminons. Voulez-vous ou ne voulez-vous pas me donner ce que vous avez de poudre dans votre magasin, pour mille francs que j’ai sur moi, et que voici ?
— Monsieur, impossible ! il y en a pour douze mille francs.
— Voulez-vous ou ne voulez-vous pas recevoir mes mille francs à-compte, et accepter, pour le reste, un bon payable par le gouvernement provisoire ?
Monsieur, il nous est défendu de vendre à crédit.
— Voulez-vous ou ne voulez-vous pas me donner pour rien la poudre de la régie, c’est-à-dire la poudre du gouvernement, c’est-à-dire ma poudre, et non la vôtre, puisque j’ai un ordre du gouvernement pour la prendre, et que vous n’avez pas d’ordre pour la garder ?
— Monsieur, je vous ferai observer…
— Oui ou non ?
— Monsieur, vous êtes libre de la prendre ; mais je vous préviens que vous en répondrez au gouvernement.
— Eh ! monsieur, il fallait commencer par me dire cela, et la discussion serait finie depuis longtemps !
Je m’approchai de la cheminée, et m’emparai d’une hache à fendre le bois qui, depuis longtemps, me tirait l’œil.
— Mais, monsieur, s’écria, l’entreposeur stupéfait, que faites-vous ?
— Monsieur, je vous emprunte, cette hache pour enfoncer la porte de la poudrière… Vous la retrouverez à Saint-Jean, monsieur Jousselin.
Et je sortis.
— Mais, monsieur, cria l’entreposeur en me suivant, c’est un vol que vous commettez là !
— Et même un vol avec effraction, monsieur Jousselin.
— Je vous préviens que je vais en écrire au ministre des finances.
— Écrivez-en au diable, si vous voulez, monsieur Jousselin !