— Eh bien, quoi ?
— Eh bien, à ta place, je porterais la pièce à Scribe.
— Non, répondis-je, mais je la porterai à Crosnier.
Et, m’approchant du souffleur :
— Garnier, lui dis-je, voulez-vous me donner le manuscrit, mon ami ?
Le souffleur me donna le manuscrit ; Firmin, tout ébouriffé, me regardait faire.
De son côté, mademoiselle Mars attendait que je fusse libre.
— Eh bien, mon petit, me dit-elle de ce ton sec qui lui était habituel quand elle préparait à un auteur quelque chose de désagréable, avez-vous fini de causer avec Firmin ? y en aura-t-il un peu pour les autres ?
— Oh ! mon Dieu, madame, dit Firmin, vous n’aviez qu’à parler : on n’a pas l’habitude de vous les prendre, vos auteurs !
— Ma foi ! pour les rôles que me fait celui-là, vous pouvez bien me le prendre !
— Bon ! dis-je, cela promet !
Puis, m’avançant vers mademoiselle Mars :
— Madame, lui dis-je, je suis à vos ordres.
— Ah ! c’est bien heureux !… Vous savez une chose ?
— Non, madame, je ne la sais pas ; mais, si vous voulez bien me la dire, je la saurai.
— C’est que je ne joue pas votre pièce samedi.
— Ah !… Et pourquoi, s’il vous plaît ?
— Parce que je fais faire pour quinze cents francs de robes, et que je désire qu’on les voie.
— Et pourquoi ne les verrait-on pas samedi aussi bien qu’un autre jour ?
— Parce qu’on nous avait promis un nouveau lustre pour samedi, et que l’éclaireur vient de nous remettre à trois mois. Quand il y aura un autre lustre, je jouerai votre pièce.
— Ah ! madame, lui dis-je, il n’y a qu’une chose qui mette obstacle à cette bonne volonté de votre part…
— Laquelle ?
— Dans trois mois, ma pièce sera jouée.
— Comment, elle sera jouée ?