Le sergent se rua sur le loueur de voitures, et le saisit au collet.
— Bon ! dit Charras, tout à l’heure nous allons voir ce qu’il faut faire de ce citoyen-là.
— Mais, enfin, monsieur, dit le loueur de voitures, qui êtes-vous ?
— Je suis M. Charras, premier aide de camp du général Pajol, commandant en chef l’armée expéditionnaire de l’Ouest.
— Monsieur, que ne disiez-vous cela tout de suite !… C’est autre chose.
— Faut-il le lâcher ? demanda le sergent.
— Pas avant qu’il ait donné une voiture et deux chevaux… Bernadou, choisis deux bons chevaux et une bonne voiture.
— Sois tranquille.
Bernadou, le sergent et le loueur disparurent sous la grande porte, et s’enfoncèrent dans les profondeurs de la cour et la pénombre des écuries.
— Et, maintenant, dit Charras, deux patriotes de bonne volonté.
— Pour quoi faire ? demandèrent vingt-cinq voix.
— Pour aller examiner la position de l’armée royale, et venir nous en rendre bon compte.
— Où cela ?
— Où nous serons… où sera l’état-major… où sera le général Pajol ; on n’aura pas de peine à trouver.
— Nous ! dirent deux hommes.
Charras les regarda.
— Mais je ne vous connais pas, dit-il ; qui me répondra de vous ?
— Moi, dit un monsieur qu’il ne connaissait pas davantage.
— Très-bien, reprit Charras ; seulement, vous savez, messieurs, que, pour nous, vous êtes des patriotes, mais que, pour l’armée royale, vous êtes des espions.
— Après ?
— Et que, si l’on vous prend…
— On nous fusillera… Après ?