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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/50

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le sergent se rua sur le loueur de voitures, et le saisit au collet.

— Bon ! dit Charras, tout à l’heure nous allons voir ce qu’il faut faire de ce citoyen-là.

— Mais, enfin, monsieur, dit le loueur de voitures, qui êtes-vous ?

— Je suis M. Charras, premier aide de camp du général Pajol, commandant en chef l’armée expéditionnaire de l’Ouest.

— Monsieur, que ne disiez-vous cela tout de suite !… C’est autre chose.

— Faut-il le lâcher ? demanda le sergent.

— Pas avant qu’il ait donné une voiture et deux chevaux… Bernadou, choisis deux bons chevaux et une bonne voiture.

— Sois tranquille.

Bernadou, le sergent et le loueur disparurent sous la grande porte, et s’enfoncèrent dans les profondeurs de la cour et la pénombre des écuries.

— Et, maintenant, dit Charras, deux patriotes de bonne volonté.

— Pour quoi faire ? demandèrent vingt-cinq voix.

— Pour aller examiner la position de l’armée royale, et venir nous en rendre bon compte.

— Où cela ?

— Où nous serons… où sera l’état-major… où sera le général Pajol ; on n’aura pas de peine à trouver.

— Nous ! dirent deux hommes.

Charras les regarda.

— Mais je ne vous connais pas, dit-il ; qui me répondra de vous ?

— Moi, dit un monsieur qu’il ne connaissait pas davantage.

— Très-bien, reprit Charras ; seulement, vous savez, messieurs, que, pour nous, vous êtes des patriotes, mais que, pour l’armée royale, vous êtes des espions.

— Après ?

— Et que, si l’on vous prend…

— On nous fusillera… Après ?