— Tout ce que je puis faire, dit celui-ci, c’est de vous donner des adresses de loueurs de voitures.
— Donnez… On trouvera le reste, d’autant plus que vous ne me paraissez pas fort, vous !
Le bourgeois donna les adresses de deux ou trois loueurs de voitures.
On quitta la mairie, qui était située à gauche, en entrant dans la ville, à trois cents pas à peu près avant le château.
On revint du côté de Paris.
Une magnifique enseigne rôtissait au soleil de midi ; elle représentait une calèche attelée de quatre chevaux, et deux chevaux de selle tenus par des grooms.
L’eau en vint à la bouche de Charras.
— Holà ! hé ! le patron ! cria-t-il.
— C’est moi, monsieur, dit un individu d’assez mauvaise humeur.
— Une voiture et deux chevaux tout de suite.
— Pour qui ?
— Pour les personnes que j’aurai à mettre dedans.
— Et quelles sont ces personnes ?
— Je ne les connais pas encore.
— Je n’ai pas de voitures.
— Ah ! vous n’avez pas de voitures ?
— Non.
— Et celles-là, qui sont dans la cour ?
— Elles sont retenues.
— Ah ! c’est bien.
Charras regarda autour de lui : plus de cent personnes étaient déjà amassées ; parmi les spectateurs se trouvaient une douzaine de gardes nationaux et un sergent.
— Sergent, dit Charras, faites-moi donc le plaisir d’empoigner monsieur.
Le Français, surtout lorsqu’il est revêtu d’un habit de garde national, est naturellement empoigneur. Le sergent Mercier, qui refusa d’empoigner Manuel, fut une exception : Voilà pourquoi on lui rendit de si grands honneurs.