mençait à prendre dix ans, m’arriva, un numéro du Constitutionnel à la main.
Il m’était envoyé par Goubaux, chez lequel il était en pension, et qui me criait comme d’Assas : « À vous ! c’est l’ennemi ! »
Je dépliai l’estimable journal, et je lus — en premier-Paris, s’il vous plaît ! — l’article suivant.
Un fait littéraire prenait ainsi l’importance d’un fait politique.
» La subvention du Théâtre-Français est portée au budget de l’État pour deux cent mille francs. Cette somme est considérable ; mais, si l’on réfléchit à l’influence que ce théâtre peut exercer, dans l’intérêt de la société, sur le goût, sur les mœurs, sur la bonne direction de la littérature dramatique, l’allocation ne paraîtra pas exagérée. Le Théâtre-Français, enrichi de tant de chefs-d’œuvre qui ont contribué aux progrès de notre civilisation, est, comme le Musée, un monument national qui ne doit être ni abandonné ni dégradé. De la hauteur où l’a élevé le génie de nos grands écrivains, il ne doit pas descendre à ces exhibitions grotesques et immorales qui font la honte de l’époque, alarment la pudeur publique, et portent une atteinte mortelle à la société ! Il n’y a plus de frein à la dépravation de la scène, à l’oubli de toute morale et de toute bienséance ; le viol, l’adultère, l’inceste, le crime, enfin, dans ses formes les plus dégoûtantes, voilà les éléments de la poétique de cette misérable époque dramatique qui, digne de tous les mépris, s’avise de mépriser les maîtres de l’art, prend un infernal plaisir à flétrir tous les sentiments généreux, à répandre la corruption dans le peuple, et nous expose aux dédains de l’étranger !…
C’est bien écrit, n’est-ce pas ? Il est vrai que c’est écrit par un académicien.
Je continue :
« Ce n’est point pour encourager un système pernicieux