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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/172

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

rapportèrent un verdict d’acquittement. — Tenaient-ils Gallois pour fou, ou étaient-ils de son avis ?

Gallois fut mis en liberté à l’instant même.

Il alla droit au bureau sur lequel son couteau était déposé tout ouvert comme pièce de conviction, le prit, le ferma, le mit dans sa poche, salua le tribunal et sortit.

Je le répète, c’était une rude génération que celle-là ! un peu folle peut-être ; mais vous vous rappelez la chanson de Béranger sur les Fous.


CCV


Incompatibilité de la littérature et des émeutes. — La Maréchale d’Ancre. — Mon opinion sur cette pièce. — Farruck le Maure. — Débuts d’Henry Monnier au Vaudeville. — Je quitte Paris. — Rouen. — Le Havre. — Je médite d’aller explorer Trouville. — Qu’est-ce que Trouville ? — L’Anglaise poitrinaire. — Honfleur. — Par terre ou par mer.

C’était une vie fatigante que celle que nous menions : chaque jour amenait son émotion, soit politique, soit littéraire.

Antony poursuivait le cours de son succès au milieu des émeutes.

Tous les soirs, sans que l’on pût lui assigner de motif quelconque, un rassemblement se formait sur le boulevard. Le lieu du rassemblement variait du théâtre du Gymnase au théâtre de l’Ambigu. D’abord composé de cinq ou six personnes, il s’augmentait progressivement ; les sergents de ville, alors, apparaissaient, se promenaient d’un air provocateur sur le boulevard ; les gamins leur jetaient des trognons de chou ou des tronçons de carotte, et cela suffisait pour constituer, au bout d’une demi-heure ou d’une heure, une bonne petite émeute qui commençait à cinq heures du soir, et finissait à minuit.

Cette irritation populaire et quotidienne attirait beaucoup de monde sur le boulevard, et très-peu au spectacle. Antony