— Mais vous me connaissez peut-être sous celui de Dinaux ?
— Bon ! le collaborateur de Victor Ducange !
— Justement.
— Le même qui a fait avec lui Trente Ans, ou la Vie d’un joueur ?
— C’est moi… ou plutôt c’est nous.
— Comment, c’est vous ?
— Oui, nous sommes deux : Goubaux et moi.
— Ah ! mais je connais Goubaux ; c’est un homme d’infiniment de mérite.
— Merci !
— Pardon… on ne peut pas être fort au fusil et dans la conversation… Au fusil, je ne vous eusse pas manqué.
— Vous ne m’avez pas manqué non plus ; du premier coup, vous m’avez dit que Goubaux était un homme d’esprit, et que j’étais, moi, un imbécile !
— Avouez que vous n’en avez rien cru ?
— Ma foi ! non.
Nous nous mîmes à rire.
— Eh bien, repris-je, comme vous ne me cherchiez sans doute pas pour recevoir le compliment que je viens de vous faire, dites-moi pour quoi c’était.
— C’était pour vous parler d’une pièce que Goubaux et moi, nous ne nous sentons pas la force de mener à bien, et qui, dans vos mains, deviendrait — plus le style — le pendant du Joueur.
Je m’inclinai en signe de remercîment.
— Non, parole d’honneur ! continua Beudin, je suis sûr que l’idée vous plaira.
— Avez-vous quelque chose de fait, ou est-ce encore à l’état de vapeur ?
— Nous avons le prologue, qui est déjà assez palpable…
Mais, quant au reste, il faut que vous nous aidiez à le trouver.
— L’avez-vous là, le prologue ?
— Non, rien n’est écrit encore ; mais je puis vous le raconter.
— J’écoute.
— La scène se passe dans le Northumberland, vers