sans que ces fameux atomes crochus dont parle Descartes aient respectivement fonctionné chez nous ?
— Taisez-vous, grande bête ! et allez conter toutes ces niaiseries-là à votre Dorval.
— Ah ! Dorval !… pauvre Dorval, il y a un siècle que je ne l’ai vue !
— Bon ! vous avez été vous loger porte à porte avec elle.
— Justement ! autrefois, nous n’avions qu’une porte entre nous ! maintenant, nous avons un mur.
— Mitoyen !
— Bravo !… Ah çà ! voyons votre idée.
— Eh bien, mon cher, j’ai joué des princesses ; j’ai joué des reines…
— Et même des impératrices !
— Tenez, voilà pour vous !
Elle leva sur moi sa belle main, que j’arrêtai au passage, et que je baisai.
— Et même des impératrices ! répétai-je.
— Eh bien, je voudrais jouer une femme du peuple.
— Oui ! je vous connais : vous jouerez cela avec une robe de velours et tous vos diamants.
— Eh non ! puisque je vous dis une femme du peuple, une mendiante.
— Bah ! avancez-vous jusqu’à la rampe, tendez la main au public, et il n’y aura plus de pièce, ou plutôt il n’y aura plus de mendiante !
— Oh ! mais sur quelle herbe avez-vous donc marché aujourd’hui ?
— Sur une herbe qui poussait dans votre cabinet de toilette un jour qu’Harel m’y a enfermé pour faire Napoléon.
— Allons, taisez-vous, et faites-moi ma pièce.
— Une mendiante… Nous avons Jane Shore ; cela vous va-t-il ?
— Non ; Jane Shore est une princesse ; je veux une femme du peuple, je vous dis.
— Je ne sais pas faire ces femmes-là.
— Aristocrate !