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Mlle Augusta Holmès dans son cabinet de travail
(Photographie Mairet.)

C'était il y a dix ans ! Nous avions lu au préalable le livret, et cet épisode de la lutte du Montenegro (Montagne Noire, Mons niger) contre les Turcs, enclavant un drame poignant et mouvementé, ce mélange de toutes les passions, de toutes les faiblesses et de toutes les grandeurs, tout cela nous avait donné l’impression d’une vaste épopée que la musique devait rendre d’autant plus décorative qu’elle émanait de l’auteur même du poème.

Après avoir distribué à chacun sa musique, Augusta Holmès s’assit au piano et attaqua ce gigantesque prélude, cette page étonnante d’expression où se suivent, s’enchaînent et se développent les différentes phases du drame, où l’on suit pas à pas les héros dans les émotions qu’ils vont vivre, les combats qu’ils soutiendront, les défaillances où ils s’abîmeront. Tout ce début du premier acte passa comme l’ouragan. Puis quand Mlle Holmès chanta les récits de Yamina :

Parmi les fleurs

Et les odeurs

 Je suis née.

et, au second acte, les chaudes évocations du passé :

Près des flots d’une mer bleue et lente.