Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/159

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Il en résulta tout le contraire. Du contact naquit une émeute, à la suite de laquelle Guido et ses quinze cents hommes d’armes furent forcés de quitter Florence et de se retirer à Prato.

Cette retraite fut le signal de la réaction guelfe. Les Gibelins, se sentant incapables de lutter, quittèrent la partie et abandonnèrent la ville, et le gouvernement, d’aristocratique qu’il était, redevint, du jour au lendemain, populaire.

Où était Farinata des Uberti dans cette grande circonstance ? son nom n’est point prononcé dans cette nouvelle catastrophe. Le géant disparaît comme un fantôme, et on ne le retrouve que quarante ans après, dans l’enfer de Dante, où plongé jusqu’à la ceinture dans un tombeau rougi par les flammes, il se plaint, non pas de la douleur qu’il éprouve, mais de l’acharnement avec lequel les Florentins poursuivent son nom et sa famille[1].

En effet, les Florentins, qui n’avaient point oublié la défaite de Monte Aperto, avaient porté une loi qui ordonnait que le palais de Farinata des Uberti serait rasé, que la charrue passerait sur ses fondemens, et que jamais aucun édifice public ni particulier ne s’élèverait sur le terrain où avait-été conçu, dans un jour de colère céleste, le moderne Coriolan.

La même loi portait que les Uberti seraient à jamais ex-


    banquiers ; 4° les fabricans de laine ; 5° les médecins ; 6° les fabricans de soie et merciers ; 7° les pelletiers.
    Les arts mineurs étaient :
    1° Les détailleurs ; 2° les bouchers ; 3° les cordonniers ; 4° les maçons et les charpentiers ; 5° les ferriers et les serruriers.

  1. Dis-moi cependant, dis-moi, et puisses-tu retourner dans le monde de la lumière, dis-moi pourquoi ce peuple est si cruel envers les miens, qu’il les poursuit encore dans chacune de ses lois. — Et moi je répondis : ce grand carnage qui teignit les eaux de l’Arbia en rouge, leur conseille ces tristes résolutions. — Et lui, en secouant la tête : Je n’étais pas seul à la bataille, dit-il, et ce serait justice, ce me semble, de me traiter comme les autres. Mais j’étais seul à l’assemblée où l’on décida que Florence serait détruite, et seul je la défendis à visage découvert.