Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/170

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FLORENCE.

Pendant l’été Florence est vide. Encaissée entre ses hautes montagnes, bâtie sur un fleuve qui pendant neuf mois ne roule que de la poussière, exposée sans que rien l’en garantisse à un soleil ardent que reflètent les dalles grisâtres de ses rues et les murailles blanchies de ses palais, Florence, moins l’aria cattiva, devient comme Rome une vaste étuve du mois d’avril au mois d’octobre ; aussi y a-t-il deux prix pour tout : prix d’été et prix d’hiver. Il va sans dire que le prix d’hiver est le double du prix d’été ; cela tient à ce qu’à la fin de l’automne une nuée d’Anglais de tout rang, de tout sexe, de tout âge, et surtout de toutes couleurs, s’abat sur la capitale de la Toscane.

Nous étions arrivés dans le commencement du mois de juin, et l’on préparait tout pour les fêtes de la Saint-Jean.

À part cette circonstance, où il est tout simple que la ville tienne à faire honneur à son patron, les fêtes sont la grande affaire de Florence. C’est toujours fête, demi-fête ou quart de fête ; dans le moins de juin, par exemple, grâce à l’heureux accouchement de la grande-duchesse, qui eut lieu le 10 ou le 12, et qui par conséquent se trouva placé entre les fêtes de la Pentecôte et de la Saint-Jean, il n’y eut que cinq jours ouvrables. Nous étions donc arrivés au bon moment pour voir les habitans, mais au mauvais pour visiter les édifices, attendu que, les jours de fête, tout se ferme à midi.

Le premier besoin de Florence, c’est le repos. Le plaisir même, je crois, ne vient qu’après, et il faut que le Florentin se fasse une certaine violence pour s’amuser. Il semble que, lassée de ses longues convulsions politiques, la ville des Médicis n’aspire plus qu’au sommeil fabuleux de la Belle au bois dormant. Il n’y a que les sonneurs de cloches qui n’ont de repos ni jour ni nuit. Je ne comprends point com-