Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/194

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Un mot sur lui. Nous aurons si souvent l’occasion de le citer, comme poète, comme historien ou comme savant, que notre lecteur nous permettra, je l’espère, de le prendre par la main et de lui faire faire le tour du colosse.

Dante naquit, comme nous l’avons dit, en 1265, la cinquième année de la réaction gibeline. C’était le rejeton d’une noble famille dont il a pris soin lui-même de nous tracer la généalogie dans le quinzième chant de son Paradis. La racine de cet arbre dont il fut le rameau d’or était Caccia Guida Hisei, qui, ayant pris pour femme une jeune fille de Ferrare, de la maison des Alighieri, ajouta à son nom et à ses armes le nom et les armes de sa femme, puis s’en alla mourir en terre sainte, chevalier dans la milice de l’empereur Conrad.

Jeune encore, il perdit son père. Élevé par sa mère que l’on appelait Bella, son éducation fut celle d’un chrétien et d’un gentilhomme. Brunetto Latini lui apprit les lettres latines ; quant aux lettres grecques, ce n’était fort heureusement point encore la mode, sans quoi, au lieu de sa divine comédie, Dante eût sans doute fait quelque poème comme l’Énéide ; quant au nom de son maître de chevalerie, il s’est perdu, quoique la bataille de Campoldino ait prouvé qu’il en avait reçu de nobles leçons.

Adolescent, il étudia la philosophie à Florence, Bologne et Padoue. Homme, il vint à Paris et y apprit la théologie, puis il s’en retourna dans sa belle Florence, où déjà la peinture et la statuaire étaient nées, et où la poésie l’attendait pour naître.

Florence était alors en proie aux guerres civiles ; l’alliance de Dante avec une femme de la famille des Donati le jeta dans le parti guelfe. Dante était un de ces hommes qui se donnent corps et âme lorsqu’ils se donnent ; aussi le voyons-nous à la bataille de Campoldino, charger à cheval les Gibelins d’Arezzo, et dans la guerre contre les Pisans, monter le premier à l’escalade du château de Caprona.

Après cette victoire, il obtint les premières dignités de la république. Nommé quatorze fois ambassadeur, quatorze fois il mena à bien la mission qui lui était confiée. Ce fut au moment de partir pour l’une de ces ambassades, que, me-