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Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/217

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cette précaution, éviter son sort ; il fut pris et pendu comme ses parens. Le vieux Jacob des Pazzi, qui s’était sauvé avec sa troupe, avait été arrêté par les montagnards des Apennins qui, malgré une somme assez forte qu’il leur offrit, non point pour le laisser libre, mais pour le tuer, l’amenèrent vivant à Florence, où il fut pendu à la même fenêtre que René. Enfin, comme deux ans s’étaient écoulés depuis cette catastrophe, on vit, un matin, un cadavre accroché aux fenêtres du bargello ; c’était celui de Bernard Bandini qui s’était réfugié à Constantinople, et que le sultan Mahomet Il avait envoyé prisonnier à Laurent en signe de son désir de conserver la paix avec la Magnifique république.

Le chœur qui enferme l’espace où fut joué ce grand drame fut exécuté depuis par ordre de Cosme Ier ; il est orné de quatre-vingt-huit figures en bas relief, de Baccio Bandinelli et de son élève Jean dell’Opera. Le grand autel est du même maître, à l’exception du crucifix en bois sculpté, qui est de Benoît de Majano, et d’une pièce en marbre représentant Joseph d’Arimathie soutenant le Christ, et qui est le dernier morceau de marbre qu’ait touché le ciseau de Michel-Ange. Michel-Ange le destinait au tombeau qu’il voulait se préparer à Sainte-Marie Majeure ; mais les chanoines du Dôme eurent si on peut le dire, la piété sacrilège de détourner ce bloc inachevé de sa destination tumulaire, et s’en emparèrent pour leur cathédrale.

Au-dessus du chœur s’élève, à une hauteur de 275 pieds la fameuse coupole de Brunelleschi ; elle resta nue et sans ornement, belle de sa beauté, et grande de sa seule grandeur, jusqu’en 1572, époque où Vasari obtint de Cosme Ier l’autorisation de la couvrir de peinture. Le jour anniversaire de la naissance du grand-duc, il monta sur son échafaud, et donna le premier coup de pinceau a cet immense et médiocre ouvrage, qu’il laissa inachevé en mourant ; l’œuvre fut continué par Frédéric Zuccheri.

Deux gloires artistiques font en outre pendant aux deux gloires militaires de Jean Hawkwood et de Pierre Farnèse : ce sont les tombeaux de Brunelleschi et du Giotto. L’épitaphe du premier est de Mazzuppini, et celle du second de Politien. La meilleure des deux au reste, est fort médiocre, en