fit dire que frère Dominique était prêt, ils déclarèrent qu’ils avaient appris que frère Dominique s’occupait de magie, et, grâce à cet art, composait des charmes et des talismans. En conséquence, ils demandaient que leur adversaire fût dépouillé de ses habits, visité par des gens de l’art, et revêtu d’habits nouveaux qui lui seraient donnés par les juges ! Frère Dominique ne fit aucune objection, dépouilla lui-même sa robe, et se livra à l’investigation des médecins, après quoi il revêtit le nouveau froc qui lui fut apporté, et fit demander une seconde fois aux Franciscains s’ils étaient prêts. Frère André Rondinelli fut alors obligé de sortir de sa loge. Mais comme il vit en sortant que son adversaire se préparait à traverser les flammes, en tenant en main le saint-Sacrement que Savonarole venait de lui remettre, il s’écria que c’était une profanation que d’exposer le corps de Notre-Seigneur à être brûlé ; d’ailleurs, que, s’il y avait miracle, le miracle n’aurait rien d’étonnant, puisque ce n’était pas frère Bonvicini, mais son fils bien-aimé que Dieu sauverait des flammes. En conséquence, il déclara que, si le Dominicain ne renonçait pas à cette aide surnaturelle, lui renoncerait à l’épreuve. De son côté, Savonarole, à qui, pour la première fois peut-être le doute vint à l’esprit, et cela parce qu’il s’agissait d’un autre que de lui, déclara que l’épreuve ne se ferait qu’à cette condition. Les Franciscains ne voulurent pas démordre de la prétention, Savonarole se retrancha dans son droit, et tint ferme, et comme ni les uns ni les autres ne voulurent céder, quatre heures s’écoulèrent en discussions, pendant lesquelles le peuple, exposé à un soleil ardent, commença de murmurer si haut et si bien, que Dominique Bonvicini déclara, pour en finir, qu’il était prêt à tenter l’épreuve avec un simple crucifix. Il n’y avait plus moyen de reculer, le crucifix n’étant que l’image et non la présence réelle. Frère Rondinelli fut donc forcé de se soumettre ! et l’on annonça au peuple que l’épreuve allait commencer. Au même instant il oublia toutes ses fatigues et battit des mains, comme on fait chez nous au théâtre, lorsqu’après une longue attente les trois coups du régisseur annoncent que la toile va se lever.
Mais en ce moment même, par un hasard étrange, un