Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/92

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partir de ce moment, Roque-Brune fut signalé aux deux conventions nationales comme un foyer de révolution. Malgré cette opposition, la république fut proclamée sous le nom de république de Monaco.

Mais ce n’était pas le tout pour les Monacois que d’être constitués en république : il fallait se faire dans les États qui avaient adopté la même forme de gouvernement des alliés qui les pussent soutenir. Ils pensèrent naturellement aux Américains et aux Français ; quant à la république de Saint-Marin, la république fédérative de Monaco la méprisait si fort qu’il n’en fut pas même question.

Toutefois, parmi ces deux gouvernemens, un seul était à portée, par sa position topographique, d’être utile à la république de Monaco : c’était la république française. La république de Monaco résolut donc de ne s’adresser qu’à elle ; elle envoya trois députés à la convention nationale pour lui demander son alliance et lui offrir la sienne. La convention nationale était dans un moment de bonne humeur ; elle reçut parfaitement les envoyés de la république de Monaco, et les invita à repasser le lendemain pour prendre le traité. Le traité fut dressé le jour même. Il est vrai qu’il n’était pas long ; il se composait de deux articles :

« Art. 1er. il y aura paix et alliance entre la république française et la république de Monaco.

» Art. 2. La république française est enchantée d’avoir fait la connaissance de la république de Monaco. »

Ce traité, comme il avait été dit, fut remis aux ambassadeurs qui repartirent fort contens.

Trois mois après, la république française avait emporté la république de Monaco dans sa peau de lion.

On n’a pas oublié sans doute comment, grâce à madame de D., le traité de Paris rendit, en 1814, au prince Honoré V, ses États qu’il a heureusement conservés depuis.

Au reste, le prince Honoré V, toute plaisanterie à part, est fort aimé de ses sujets, qui voient avec une grande inquiétude l’heure où ils changeront de maître. En effet, malgré le mépris qu’en fait Saint-Simon[1], ils habitent un déli-

  1. C’est au demeurant la souveraineté d’une roche, du milieu