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Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/138

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la Ramée, reprit le cardinal, que s’il nous fait bonne et fidèle garde, on fermera les yeux sur ses escapades de province, qu’on lui mettra sur le dos un uniforme qui le fera respecter, et dans les poches de cet uniforme quelques pistoles pour boire à la santé du roi.

Mazarin était fort large en promesses, c’était tout le contraire de ce bon M. Grimaud, que vantait la Ramée, lequel parlait peu et agissait beaucoup.

Le cardinal fit encore à la Ramée une foule de questions sur le prisonnier, sur la façon dont il était nourri, logé et couché, auxquelles celui-ci répondit d’une façon si satisfaisante, qu’il le congédia presque rassuré.

Puis, comme il était neuf heures du matin, il se leva, se parfuma, s’habilla et passa chez la reine pour lui faire part des causes qui l’avaient retenu chez lui. La reine, qui ne craignait guère moins M. de Beaufort que le cardinal le craignait lui-même, et qui était presque aussi superstitieuse que lui, lui fit répéter mot pour mot toutes les promesses de La Ramée et tous les éloges qu’il donnait à son second ; puis lorsque le cardinal eut fini :

— Hélas ! monsieur, dit-elle à demi-voix, que n’avons-nous un Grimaud près de chaque prince !

— Patience, dit Mazarin avec son sourire italien, cela viendra peut-être un jour ; mais en attendant…

— Eh bien ! en attendant ?

— Je vais toujours prendre mes précautions.

Sur ce, il avait écrit à d’Artagnan de presser son retour.