Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/624

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d’un seul coup d’épaule, et je m’attendais à le voir sortir de Rueil comme Samson est sorti de Gaza. Mais son humeur a suivi la même marche que celle de son compagnon M. d’Artagnan. Maintenant, non seulement il s’accoutume à sa captivité, mais encore il en plaisante. — Tant mieux, dit Athos, tant mieux ! — En attendiez-vous donc autre chose ? demanda Comminges, qui, rapprochant ce qu’avait dit Mazarin de ses prisonniers avec ce qu’en disait le comte de la Fère, commençait à concevoir quelques inquiétudes.

De son côté, Athos réfléchissait que très certainement cette amélioration dans le moral de ses amis naissait de quelque plan formé par d’Artagnan. Il ne voulut donc pas leur nuire pour trop les exalter.

— Eux ? dit-il, ce sont des têtes inflammables ; l’un est Gascon, l’autre Picard ; tous deux s’allument facilement, mais s’éteignent vite. Vous en avez eu la preuve, et ce que vous venez de me raconter tout à l’heure fait foi de ce que je vous dis maintenant.

C’était l’opinion de Comminges ; aussi se retira-t-il plus assuré, et Athos demeura seul dans la vaste chambre, où, suivant l’ordre du cardinal, il fut traité avec les égards dus à un gentilhomme. Il attendait, au reste, pour se faire une idée précise de sa situation, cette fameuse visite promise par Mazarin lui-même.