Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/654

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le bienvenu ; je sais un moyen. — Lequel ? — Je porterai à Sa Majesté la lettre par laquelle monseigneur lui annonce le complet épuisement des finances. — Ensuite ? dit Mazarin en pâlissant. — Ensuite, quand je verrai Sa Majesté au comble de l’embarras, je la mènerai à Rueil, je la ferai entrer dans l’orangerie et je lui indiquerai certain ressort qui fait mouvoir une caisse. — Assez, monsieur, murmura le cardinal, assez ! Où est le traité ? — Le voici, dit Aramis. — Vous voyez que nous sommes généreux, dit d’Artagnan, car nous pouvions faire bien des choses avec un pareil secret. — Donc signez, dit Aramis en lui présentant la plume.

Mazarin se leva, se promena quelques instants, plutôt rêveur qu’abattu. Puis, s’arrêtant tout à coup :

— Et quand j’aurai signé, messieurs, quelle sera ma garantie ?

— Ma parole d’honneur, monsieur, dit Athos.

Mazarin tressaillit, se retourna vers le comte de la Fère, examina un instant ce visage noble et loyal, et prenant la plume :

— Cela me suffit, monsieur le comte, dit-il. Et il signa.

— Et maintenant, monsieur d’Artagnan, ajouta-t-il, préparez-vous à partir pour Saint-Germain et à porter une lettre de moi à la reine.