— Tu vois bien, imbécile, dit tranquillement d’Artagnan à Planchet, que ce n’est pas à nous qu’ils en voulaient.
— Mais à qui donc alors ? demanda Planchet.
— Ma foi, je n’en sais rien, et peu m’importe. Ce qui m’importe, c’est d’entrer au couvent des jésuites. Ainsi à cheval, et allons-y frapper. Vaille que vaille, que diable, ils ne nous mangeront pas !
Et d’Artagnan se remit en selle. Planchet venait d’en faire autant, lorsqu’un poids inattendu tomba sur le derrière de son cheval, qui s’abattit.
— Eh ! monsieur, s’écria Planchet, j’ai un homme en croupe !
D’Artagnan se retourna et vit effectivement deux formes humaines sur le cheval de Planchet.
— Mais c’est donc le diable qui nous poursuit ! s’écria-t-il en tirant son épée et en s’apprêtant à charger le nouveau venu.
— Non, mon cher d’Artagnan, dit celui-ci ; ce n’est pas le diable : c’est moi, c’est Aramis. Au galop, Planchet, et au bout du village, guide à gauche.
Et Planchet, portant Aramis en croupe, partit au galop suivi de d’Artagnan, qui commençait à croire qu’il faisait quelque rêve fantastique et incohérent.