Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/120

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même de quoi l’on pouvait composer le sac, quand mon ami demanda :

— Une livre de raisins glacés.

— Savez-vous si elle les aime ?

— Elle ne mange jamais d’autres bonbons, c’est connu.

— Ah ! continua-t-il quand nous fûmes sortis, savez-vous à quelle femme je vous présente ? Ne vous figurez pas que c’est à une duchesse, c’est tout simplement à une femme entretenue, tout ce qu’il y a de plus entretenue, mon cher ; ne vous gênez donc pas, et dites tout ce qui vous passera par la tête.

— Bien, bien, balbutiai-je, et je le suivis, en me disant que j’allais me guérir de ma passion.

Quand j’entrai dans la loge, Marguerite riait aux éclats.

J’aurais voulu qu’elle fût triste.

Mon ami me présenta. Marguerite me fit une légère inclination de tête, et dit :

— Et mes bonbons ?

— Les voici.

En les prenant elle me regarda. Je baissai les yeux et je rougis.

Elle se pencha à l’oreille de sa voisine, lui dit quelques mots tout bas, et toutes deux éclatèrent de rire.