Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/129

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Elle était dans l’avant-scène du rez-de-chaussée, et toute seule. Elle était changée comme je vous l’ai dit, je ne retrouvais plus sur sa bouche son sourire indifférent. Elle avait souffert, elle souffrait encore.

Quoiqu’on fût déjà en avril, elle était encore vêtue comme en hiver et toute couverte de velours.

Je la regardais si obstinément que mon regard attira le sien.

Elle me considéra quelques instants, prit sa lorgnette pour mieux me voir, et crut sans doute me reconnaître, sans pouvoir positivement dire qui j’étais, car lorsqu’elle reposa sa lorgnette, un sourire, ce charmant salut des femmes, erra sur ses lèvres, pour répondre au salut qu’elle avait l’air d’attendre de moi ; mais je n’y répondis point, comme pour prendre barres sur elle et paraître avoir oublié quand elle se souvenait.

Elle crut s’être trompée et détourna la tête.

On leva le rideau.

J’ai vu bien des fois Marguerite au spectacle, je ne l’ai jamais vue prêter la moindre attention à ce qu’on jouait.

Quant à moi, le spectacle m’intéressait aussi fort peu, et je ne m’occupais que d’elle, mais en faisant