Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien, il y avait une bonne raison pour que je rentrasse seule.

— Laquelle ?

— On m’attendait ici.

Elle m’eût donné un coup de couteau qu’elle ne m’eût pas fait plus de mal. Je me levai, et, lui tendant la main :

— Adieu, lui dis-je.

— Je savais bien que vous vous fâcheriez, dit-elle. Les hommes ont la rage de vouloir apprendre ce qui doit leur faire de la peine.

— Mais je vous assure, ajoutai-je d’un ton froid, comme si j’avais voulu prouver que j’étais à jamais guéri de ma passion, je vous assure que je ne suis pas fâché. Il était tout naturel que quelqu’un vous attendît, comme il est tout naturel que je m’en aille à trois heures du matin.

— Est-ce que vous avez aussi quelqu’un qui vous attend chez vous ?

— Non, mais il faut que je parte.

— Adieu, alors.

— Vous me renvoyez.

— Pas le moins du monde.

— Pourquoi me faites-vous de la peine ?

— Quelle peine vous ai-je faite ?