Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/167

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— Vous me dites que quelqu’un vous attendait.

— Je n’ai pas pu m’empêcher de rire à l’idée que vous aviez été si heureux de me voir rentrer seule, quand il y avait une si bonne raison pour cela.

— On se fait souvent une joie d’un enfantillage, et il est méchant de détruire cette joie quand, en la laissant subsister, on peut rendre plus heureux encore celui qui la trouve.

— Mais à qui croyez-vous donc avoir affaire ? Je ne suis ni une vierge ni une duchesse. Je ne vous connais que d’aujourd’hui et ne vous dois pas compte de mes actions. En admettant que je devienne un jour votre maîtresse, il faut que vous sachiez bien que j’ai eu d’autres amants que vous. Si vous me faites déjà des scènes de jalousie avant, qu’est-ce que ce sera donc après, si jamais l’après existe ! Je n’ai jamais vu un homme comme vous.

— C’est que personne ne vous a jamais aimée comme je vous aime.

— Voyons, franchement, vous m’aimez donc bien ?

— Autant qu’il est possible d’aimer, je crois.

— Et cela dure depuis…?

— Depuis un jour que je vous ai vue descendre de calèche et entrer chez Susse, il y a trois ans.

— Savez-vous que c’est très beau ? Eh bien ! que