Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je n’ai pas besoin de vous parler de ceux qui volent au jeu, et dont un jour on apprend le départ nécessaire et la condamnation tardive.

Je me lançai donc dans cette vie rapide, bruyante, volcanique, qui m’effrayait autrefois quand j’y songeais, et qui était devenue pour moi le complément inévitable de mon amour pour Marguerite. Que vouliez-vous que je fisse ?

Les nuits que je ne passais pas rue d’Antin, si je les avais passées seul chez moi, je n’aurais pas dormi. La jalousie m’eût tenu éveillé et m’eût brûlé la pensée et le sang ; tandis que le jeu détournait pour un moment la fièvre qui eût envahi mon cœur et le reportait sur une passion dont l’intérêt me saisissait malgré moi, jusqu’à ce que sonnât l’heure où je devais me rendre auprès de ma maîtresse. Alors, et c’est à cela que je reconnaissais la violence de mon amour, que je gagnasse ou perdisse, je quittais impitoyablement la table, plaignant ceux que j’y laissais et qui n’allaient pas trouver comme moi le bonheur en la quittant.

Pour la plupart, le jeu était une nécessité ; pour moi, c’était un remède.

Guéri de Marguerite, j’étais guéri du jeu.

Aussi, au milieu de tout cela, gardais-je un assez