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XVI


de répugnance… Le bras et la personne et l’artiste, on ne put pas les retrouver.

Le surlendemain de cette fête, elle vint de Bruxelles à Spa, par une belle journée, à l’heure où ces montagnes couvertes de verdure laissent pénétrer le soleil, heure charmante ! On voit alors accourir toute sorte de malades heureux, qui viennent se reposer des fêtes de l’hiver passé, afin d’être mieux préparés aux joies de l’hiver à venir. À Spa on ne connaît pas d’autre fièvre que la fièvre du bal, et pas d’autres langueurs que celles de l’absence, et pas d’autres remèdes que la causerie et la danse et la musique, et l’émotion du jeu, le soir, lorsque la Redoute s’illumine de toutes ses clartés et que l’écho des montagnes renvoie en mille éclats les sons enivrants de l’orchestre. À Spa, la Parisienne fut accueillie avec un empressement assez rare dans ce village un peu effarouché, qui abandonne volontiers à Bade, sa rivale, les belles personnes sans nom, sans mari et sans position officielle. À Spa aussi, ce fut un étonnement général quand on apprit qu’une si jeune femme était sérieusement malade, et les médecins affligés avouèrent qu’en effet ils avaient rarement rencontré plus de résignation unie à plus de courage.