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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/36

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XXII


ornement inutile, une fantaisie, un jouet frivole qui se brise au premier choc, un produit brillant d’une société expirante, un oiseau de passage, une aurore d’un instant.

Elle avait poussé si loin la science du bien-être intérieur, et l’adoration du soi-même, que rien ne saurait se comparer à ses habits, à son linge, aux plus petits détails de son service, car la parure de sa beauté était, à tout prendre, la plus chère et la plus charmante occupation de sa jeunesse.

J’ai entendu les plus grandes dames et les plus habiles coquettes de Paris s’étonner de l’art et de la recherche de ses moindres instruments de toilette. Son peigne fut poussé à un prix fou ; sa brosse pour les cheveux s’est payée au poids de l’or. On a vendu des gants qui lui avaient servi, tant sa main était belle. On a vendu des bottines qu’elle avait portées, et les honnêtes femmes ont lutté entre elles à qui mettrait ce soulier de Cendrillon. Tout s’est vendu, même son plus vieux châle qui avait déjà trois ans ; même son ara au brillant plumage, qui répétait une petite mélodie assez triste que sa maîtresse lui avait apprise ; on a vendu ses portraits, on a vendu ses billets d’amour, on a vendu ses cheveux, tout y passa, et sa famille qui détournait la vue quand