Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/381

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qu’elle était la preuve que vous m’aimiez toujours, il me semblait que, plus vous me persécuteriez, plus je grandirais à vos yeux le jour où vous sauriez la vérité.

» Ne vous étonnez pas de ce martyre joyeux, Armand, l’amour que vous aviez eu pour moi avait ouvert mon cœur à de nobles enthousiasmes.

» Cependant je n’avais pas été tout de suite aussi forte.

» Entre l’exécution du sacrifice que je vous avais fait et votre retour, un temps assez long s’était écoulé pendant lequel j’avais eu besoin d’avoir recours à des moyens physiques pour ne pas devenir folle et pour m’étourdir sur la vie dans laquelle je me rejetais. Prudence vous a dit, n’est-ce pas, que j’étais de toutes les fêtes, de tous les bals, de toutes les orgies ?

» J’avais comme l’espérance de me tuer rapidement, à force d’excès, et je crois, cette espérance ne tardera pas à se réaliser. Ma santé s’altéra nécessairement de plus en plus, et le jour où j’envoyai madame Duvernoy vous demander grâce, j’étais épuisée de corps et d’âme.

» Je ne vous rappellerai pas, Armand, de quelle façon vous avez récompensé la dernière preuve d’amour