Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/116

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Armand.

Quand j’ai vu arriver le comte, quand je me suis dit que c’était pour lui que vous me renvoyiez, j’ai été comme un fou, j’ai perdu la tête, je vous ai écrit. Mais, quand, au lieu de faire à ma lettre la réponse que j’espérais, quand, au lieu de vous disculper, vous avez dit à Nanine que cela était bien, je me suis demandé ce que j’allais devenir, si je ne vous revoyais plus. Le vide s’est fait instantanément autour de moi. N’oubliez pas, Marguerite, que, si je ne vous connais que depuis quelques jours, je vous aime depuis deux ans !

Marguerite.

Eh bien, mon ami, vous avez pris une sage résolution.

Armand.

Laquelle ?

Marguerite.

Celle de partir. Ne me l’avez-vous pas écrit ?

Armand.

Est-ce que je le pourrais ?

Marguerite.

Il le faut pourtant.

Armand.

Il le faut ?

Marguerite.

Oui ; non seulement pour vous, mais pour moi. Ma position m'oblige à ne plus vous revoir, et tout me défend de vous aimer.

Armand.

Vous m’aimez donc un peu, Marguerite ?

Marguerite.

Je vous aimais.

Armand.

Et maintenant ?