Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/133

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dois au père d’Armand, je vous répète que vous vous trompez.

M. Duval.

Alors, que signifie cette lettre de mon notaire qui m’avertit qu’Armand veut vous faire l’abandon d’une rente.

Marguerite.

Je vous assure, monsieur, que, si Armand a fait cela, il l’a fait à mon insu ; car il savait bien que ce qu’il m’eût offert, je l’eusse refusé.

M. Duval.

Cependant, vous n’avez pas toujours parlé ainsi.

Marguerite.

C’est vrai, monsieur ; mais alors je n’aimais pas.

M. Duval.

Et maintenant ?

Marguerite.

Maintenant, j’aime avec tout ce qu’une femme peut retrouver de pur dans le fond de son cœur, quand Dieu prend pitié d’elle et lui envoie le repentir.

M. Duval.

Voilà les grandes phrases qui arrivent.

Marguerite.

Écoutez-moi, monsieur… Mon Dieu, je sais qu’on croit peu aux serments des femmes comme moi ; mais, par ce que j’ai de plus cher au monde, par mon amour pour Armand, je vous jure que j’ignorais cette donation.

M. Duval.

Cependant, mademoiselle, il faut que vous viviez de quelque chose.

Marguerite.

Vous me forcez de vous dire ce que j’aurais voulu vous taire, monsieur ; mais, comme je tiens avant toute chose à l’es-