Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/136

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rable, qui veut que tout soit honorable dans la mienne. Le monde a ses exigences, et surtout le monde de province. Si purifiée que vous soyez aux yeux d’Armand, aux miens, par le sentiment que vous éprouvez, vous ne l’êtes pas aux yeux d’un monde qui ne verra jamais en vous que votre passé, et qui vous fermera impitoyablement ses portes. La famille de l’homme qui va devenir mon gendre a appris la manière dont vit Armand ; elle m’a déclaré reprendre sa parole, si Armand continuait cette vie. L’avenir d’une jeune fille qui ne vous a fait aucun mal peut donc être brisé par vous. Marguerite, au nom de votre amour, accordez-moi le bonheur de ma fille.

Marguerite.

Que vous êtes bon, monsieur, de daigner me parler ainsi, et que puis-je refuser à de si bonnes paroles ? Oui, je vous comprends ; vous avez raison. Je partirai de Paris ; je m’éloignerai d’Armand pendant quelque temps. Ce me sera douloureux ; mais je veux faire cela pour vous, afin que vous n’ayez rien à me reprocher… D’ailleurs, la joie du retour fera oublier le chagrin de la séparation. Vous permettrez qu’il m’écrive quelquefois, et quand sa sœur sera mariée…

M. Duval.

Merci, Marguerite, merci ; mais c’est autre chose que je vous demande.

Marguerite.

Autre chose ! et que pouvez-vous donc me demander de plus ?

M. Duval.

Écoutez-moi bien, mon enfant, et faisons franchement ce que nous avons à faire ; une absence momentanée ne suffit pas.

Marguerite.

Vous voulez que je quitte Armand tout à fait ?