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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/188

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rentre pas aussi brusquement dans un cœur désolé depuis longtemps, sans l’oppresser un peu.

Elle s’assied et rejette sa tête en arrière.
Armand.

Marguerite, parle-moi ! Marguerite, je t’en supplie !

Marguerite, revenant à elle.

Ne crains rien, mon ami ; tu sais, j’ai toujours été sujette à ces faiblesses instantanées. Mais elles passent vite ; regarde, je souris, je suis forte, va ! C’est l’étonnement de vivre qui m’étouffe !

Armand, lui prenant la main.

Tu trembles !

Marguerite.

Ce n’est rien ! — Voyons, Nanine, donne-moi donc un châle ; un chapeau…

Armand, avec effroi.

Mon Dieu ! mon Dieu !

Marguerite Je ne peux pas !

Elle tombe sur le canapé.
Armand.

Nanine, courez chercher le médecin !

Marguerite.

Oui, oui ; dis-lui qu’Armand est revenu, que je veux vivre, qu’il faut que je vive… (Nanine sort.) Mais si ce retour ne m’a pas sauvée, rien ne me sauvera. Tôt ou tard, la créature humaine doit mourir de ce qui l’a fait vivre. J’ai vécu de l’amour, j’en meurs.

Armand.

Tais-toi, Marguerite ; tu vivras, il le faut !

Marguerite.

Assieds-toi près de moi, le plus près possible, mon Ar-