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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/187

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Armand.

Oh ! non, je ne te quitte plus… Écoute, Marguerite, nous allons à l’instant même quitter cette maison. Nous ne reverrons jamais Paris. Mon père sait qui tu es. Il t’aimera comme le bon génie de son fils. Ma sœur est mariée. L’avenir est à nous.

Marguerite.

Oh ! parle-moi ! parle-moi ! Je sens mon âme qui revient avec tes paroles, la santé qui renaît sous ton souffle. Je le disais ce matin, qu’une seule chose pouvait me sauver. Je ne l’espérais plus, et te voilà ! Nous n’allons pas perdre de temps, va, et, puisque la vie passe devant moi, je vais l’arrêter au passage. Tu ne sais pas ? Nichette se marie. Elle épouse Gustave ce matin. Nous la verrons. Cela nous fera du bien d’entrer dans une église, de prier Dieu et d’assister au bonheur des autres. Quelle surprise la Providence me gardait pour le premier jour de l’année ! Mais dis-moi donc encore que tu m’aimes !

Armand.

Oui, je t’aime, Marguerite, toute ma vie est à toi.

Marguerite, à Nanine qui est rentrée.

Nanine, donne-moi tout ce qu’il faut pour sortir.

Armand.

Bonne Nanine ! Vous avez eu bien soin d’elle ; merci !

Marguerite.

Tous les jours, nous parlions de toi toutes les deux ; car personne n’osait plus prononcer ton nom. C’est elle qui me consolait, qui me disait que nous nous reverrions ! Elle ne mentait pas. Tu as vu de beaux pays. Tu m’y conduiras.

Elle chancelle.
Armand.

Qu’as-tu, Marguerite ? Tu pâlis !…

Marguerite, avec effort.

Rien, mon ami, rien ! Tu comprends que le bonheur ne