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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/52

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dérober à la justice ou à ses devoirs, et que sa mère aura élevé honnêtement par son seul travail, sera exempté du service militaire, la société n’ayant le droit, sous aucun prétexte, de prendre à une femme, qui a travaillé pour lui, son unique enfant, au moment où, devenu son unique soutien, il va travailler pour elle.

« Autrement dit, la recherche de la paternité ? »

Parfaitement.

« Mais les coquines détourneront les jeunes gens, les compromettront, les exploiteront, etc., etc. ? »

À vingt et un ans, un homme est électeur, garde national et soldat. Il n’est plus un enfant, il sait ce qu’il fait.

Et puis, que les honnêtes mères élèvent bien leurs fils, et que les pères les gardent mieux !

Et puis, si l’homme est le sexe faible, qu’il l’avoue et qu’il laisse les femmes gouverner les empires et livrer les batailles.

« Mais une pareille loi est impossible en France. »

Pourquoi ?

« Parce que le peuple français est léger, amoureux, coureur, indépendant, insubordonné, etc., etc. »

Les lois ne sont pas faites pour aider, mais pour refréner les passions des hommes.

D’ailleurs, le peuple français n’est rien de ce que vous dites. C’est le peuple le plus soumis qui existe.

Entrez dans n’importe quelle gare de chemin de fer, et voyez avec quelle patience il attend ses billets avant le départ, et ses bagages au retour, et vous reconnaîtrez que ce peuple indépendant est le peuple le plus obéissant du monde, et qu’avec un sergent de ville on lui fait faire tout ce qu’on veut, et avec deux tout ce qu’il ne veut pas.

« Mais l’amour est une passion, et la passion… »

L’argent aussi est une passion, et la faim est plus qu’une passion, c’est un besoin ; et manger est plus qu’un besoin, c’est un droit.

Cependant, il y a tous les jours des milliers d’affamés