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Gaston.

Qu’est-ce que tu veux qu’il fasse ?

Prudence.

Mais qui fait des vers à Marguerite ; c’est sa spécialité. Allons, la chanson !

Gaston.

Je proteste au nom de toute notre génération.

Prudence.

Qu’on vote ! (Tous lèvent la main, excepté Gaston.) La chanson est votée. Gaston, donne le bon exemple aux minorités.

Gaston.

Soit. Mais je n’aime pas les vers de Philogène, je les connais. J’aime mieux chanter, puisqu’il le faut.

Il chante.


I
Il est un ciel que Mahomet
Offre par ses apôtres,
Mais les plaisirs qu’il nous promet
Ne valent pas les nôtres.
Ne croyons à rien
Qu’à ce qu’on tient bien,
Et pour moi je préfère
À ce ciel douteux
L’éclair de deux yeux
Reflété dans mon verre.

II
Dieu fit l’amour et le vin bons,
Car il aimait la terre,
On dit parfois que nous vivons
D’une façon légère.
On dit ce qu’on veut,
On fait ce qu’on peut,
Fi du censeur sévère
Pour qui tout serait
Charmant, s’il voyait
À travers notre verre !